La France, principal pays opposé à la réforme, se déclare satisfaite. Pour le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, cet accord est dû "en grande partie à l'entente franco-allemande". Quant au ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard, il a estimé que compte tenu des exigences et des propositions de départ, "ce compromis peut légitimement nous donner satisfaction". A Madrid, le ministre de l'Agriculture Miguel Angel Canete a indiqué "avoir atteint tous les objectifs fixés" et s'est félicité "des progrès substantiels et des éléments correcteurs par rapport à la première proposition, très négative, de Franz Fischler", le commissaire européen chargé de l'agriculture. L'Allemagne a également exprimé sa satisfaction, estimant que cet accord mettait "les agriculteurs de son pays sur la bonne voie". La Grèce, qui assure actuellement la présidence européenne, a salué cet accord "comme un grand succès" de sa présidence et a ajouté qu'il "assure les intérêts des agriculteurs grecs". En Italie, le ministre de l'Agriculture Giovanni Alemanno a qualifié de "positive" la réforme de la PAC, mais a jugé qu'elle était "incomplète" et devra être élargie avec la révision de l'organisation du marché méditerranéen et avec des politiques adéquates de développement des divers pays membres. Les réactions sont plus mitigées en Finlande, au Danemark et au Portugal. "La réforme n'est pas aussi profonde que je l'aurais souhaité", a regretté la ministre danoise de l'Agriculture Mariann Fischer Boel, ajoutant toutefois que cet accord constitue "un pas très important". La Finlande, sans crier totalement victoire, souligne que cet accord est "quelque chose avec lequel nous pouvons vivre" et se déclare soulagée d'avoir évité le pire. Seul le Portugal a pour l'instant indiqué avoir voté "contre" mais reconnaît que ce "non" est justifié par la question symbolique des quotas laitiers des Açores. Mais, à part cette réserve, le ministre de l'Agriculture portugais Sevinate Pinto a qualifié ce compromis "d'excellent résultat" pour les agriculteurs de son pays. Au siège de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), on se félicitait aussi de la décision de Luxembourg qui "devrait amener des progrès supplémentaires dans le domaine de l'agriculture mondiale", le principal point de divergences des négociations commerciales mondiales, a déclaré Supachai Panitchpakdi, son directeur général. En revanche, les organisations syndicales critiquent avec virulence ce compromis. Les syndicats agricoles français sont en première ligne estimant que ce compromis va anéantir des années de politique agricole commune et représente une "capitulation" de la France devant Bruxelles. Deux des plus importants syndicats agricoles espagnols ont même réclamé la démission du ministre de l'Agriculture Miguel Angel Canete pour avoir signé cet accord. Et les deux principales organisations d'agriculteurs européens, le COPA et le COGECA, ont sévèrement dénoncé cet accord, craignant qu'"il ne conduise à la fin de la politique communautaire". |